• Post category:Idées reçues
  • Publication publiée :13 décembre 2021
  • Auteur/autrice de la publication :
  • Temps de lecture :4 min de lecture

C’est une métaphore devenue une expression courante, basée sur l’idée que les végétaux absorbent du dioxyde de carbone (CO2) et rejettent de l’oxygène (O2) pour produire leur énergie, via la photosynthèse. Ce qui est l’exact inverse de notre fonctionnement à nous, animaux, puisque pour respirer nous captons de l’O2, puis nous expirons du CO2.

Mais, aussi étrange que cela paraisse, à l’échelle d’un écosystème comme celui de la forêt amazonienne par exemple, photosynthèse et respiration s’équilibrent, au point que leur bilan s’avère nul. la consommation d’oxygène équivaut strictement à sa production, la forêt amazonienne ne peut donc ni capter le CO2 du monde, ni produire l’O2 nécessaire au reste de la planète, dont elle n’est pas le « poumon ».

A première vue, la forêt amazonienne semble pourri tant peuplée de plus de végétaux que d’animaux. Qui consomme donc l’O2 et rejette autant de CO2 ? C’est 5 simple : après leur mort, arbres et plantes sont dégradés par des décomposeurs quasi invisibles – tels les insectes et les microbes – et transformés en CO2. Résultat, tout l’O2 dégagé au cours de la vie de l’arbre est consommé dans son recyclage.

Reste que l’atmosphère terrestre, dépourvue d’O2 à ses débuts, en comporte à présent 21%. Comment a-t-il pu s’accumuler, sachant qu’il ne peut venir que de la photo synthèse, apparue il y a 3 milliards d’années ? L’explication tient à des interruptions du cycle production-dégradation qui, seules, ont pu favoriser cette accumulation.

Après leur mort, arbres et autres êtres vivants peuvent en effet échapper à la décomposition s’ils sont enfouis dans des sols de forêts marécageuses ou dans le fond boueux de l’océan, deux milieux dépourvus d’O2, où la respiration des décomposeurs est impossible.

L’O2 non consommé s’accumule alors dans l’atmosphère. Ce phénomène. qui s’est répété régulièrement au cours de l’histoire de la Terre, persiste aujourd’hui avec une faible Intensité dans les fonds océaniques.

Toutefois, nous respirons actuellement un oxygène essentiellement fossile, produit à 99,3% dans le passé. Il arrive néanmoins que les forêts jeunes aient un bilan positif d’oxygène, pendant la période où la production de matière excède la dégradation. Alors, la photosynthèse l’emporte sur la respiration.

Mais cela ne signifie pas grand-chose a l’échelle de quelques siècles car, dans la forêt vieillissante, le rapport s’inverse. Conséquence : il y aura alors plus de CO2 dégagé et moins d’O2 libéré. Quant aux incendies, comme ceux provoqués pour gagner des terres agricoles dans la forêt amazonienne, ils rejettent en quelques jours, voire quelques heures, tout le CO2 accumulé par les arbres pendant des siècles !

De grande ampleur, le phénomène est redoutable pour la biodiversité quand il affecte de grandes surfaces. Mais, en ce qui concerne la teneur en gaz atmosphériques, il a peu d’incidence à l’échelle de la Terre. Sans la forêt amazonienne, nous respirerions aussi bien. Ce n’est pas une raison pour la détruire !