Dialectique

Du grec dia- (« à travers ») et legein (« parler »), soit « parler à travers l’espace qui sépare les interlocuteurs », « dialoguer ».

Ce terme, fortement polysémique, signifie d’abord chez Platon, d’une part, l’art du dialogue, d’autre part, l’art des divisions logiques qui permet de remonter du sensible à l’intelligible (dialectique ascendante) ou de retourner de l’intelligible au sensible (dialectique descendante).

Dévaluée par Aristote, qui la réserve aux raisonnements sur les opinions seulement probables, puis plus tard par Kant, qui fait de la dialectique transcendantale une logique de l’illusion, elle devient essentielle chez Hegel, qui y voit le mouvement même de la pensée et du réel : la dialectique est ce « travail du négatif » qui fait que toute chose doit être niée en « passant dans son autre » (son antithèse) pour se réaliser. Si le grain ne meurt, il n’y aura pas de fruit.

Ce sens est repris par Marx pour justifier la révolution et la dictature du prolétariat et par les penseurs néomarxistes du XXe siècle comme Sartre, auteur d’une Critique de la raison dialectique ,ou comme ceux de l’École de Francfort (La Dialectique de la raison).

On le retrouve aussi chez Bachelard pour expliquer le progrès des sciences. D’une manière générale, la dialectique est considérée comme une mise en forme efficace de la pensée parce qu’elle rend le débat contradictoire fertile.

Depuis Victor Cousin, ami de Hegel, et ministre de l’Instruction publique, elle est recommandée pour disserter. « Une contradiction non dialectique, voilà le tragique », disait Paul Ricœur.